J’aime m’inspirer. J’aime chercher ailleurs ce qui peut me porter lorsque ma propre motivation, mon propre entrain me fait défaut. Je ne suis pas une machine, je ne suis pas sans failles, je ne suis pas capable – dans toutes les circonstances – de me tenir la main seule et suffisamment fort pour garder la tête haute.

Dans ces moments là j’aime alors puiser l’inspiration ailleurs, dans des podcast que j’écoute très régulièrement, dans des vidéos youtube, des méditations guidées, des livres bien entendu ou des documentaires que je regarde essentiellement sur la plateforme Netflix.

Ce soir, soirée de pleine lune, début d’un cocooning automnal encore aux températures estivales, j’ai regardé à nouveau le doc “Vers la Surface”, ou comment les vétérans américains retrouvent le goût de la vie à travers la pratique du surf. Comment les personnes victimes de stress post-traumatique se soignent au contact de l’océan.

Ça me fascine toujours de voir la puissance guérisseuse des éléments, de la nature avec un grand N. Je suis la première à me déposer contre l’écorce d’un arbre. J’ai laissé tellement de personnes me moquer pour cette raison … c’est tellement puissant que jamais plus je ne laisserais quelqu’un me chambrer à ce sujet (note pour plus tard).

Et l’océan, j’y suis moins à l’océan, il est plus loin. Trop loin. J’aime tellement y être. Pas en plein mois d’août à me demander ou je vais poser ma serviette (en vrai, cela n’est jamais arrivé). Mais y être lorsque les vagues claquent contre la digue, lorsque la vue n’est qu’un infini sans obstacles, lorsque mon visage se fait balayer par la pluie et par le vent pendant que je laisse mes pas sur la texture sableuse.

Go With The Flow

J’ai surfé, un peu. J’ai lutté surtout. Je n’ai jamais pratiqué un sport plus difficile que le surf. Jamais. Pourtant, j’ai toujours envie d’y retourner. Je veux y aller encore, parce que le seul fait d’être dans l’eau me suffit. L’eau nettoie, elle est douce et absolument puissante à la fois. L’océan est à l’image de la montagne, il me rend humble, il ne se laisse pas contrôler. La nature impose le “Go with the Flow”. Il n’y a pas de résistance possible, il est juste question d’aller avec le courant, ou d’aller avec la pente. Il n’y a pas plus belle métaphore de la vie.

L’une des premières fois que je me suis levée sur une planche de surf et que j’ai été capable de glisser jusqu’à la berge, c’était à la grande plage de Biarritz avec Gab’ l’un de mes frères de coeur, et Pat’ inspirant et inspiré ami et surfeur local. C’était le jour de mon anniversaire. J’étais mal réveillée, j’avais une pseudo gueule de bois, une pseudo gueule de coeur, mais je suis allée me mettre à l’eau tôt le matin. Et debout sur ma planche, les cloches de l’église Sainte-Eugénie ont sonné. Résonné. Et j’ai chialé. Je chiale souvent, pour rien, pour tout. J’ai la larme aiguisée, prête à dégainer. Quand je suis heureuse, quand je suis triste. Globalement, quand je suis submergée, je pleure.

J’ai pleuré devant “Vers la surface”. Encore. Parce que ce n’est pas la première fois que je le regarde. Ça me fait encore l’effet des premières fois. J’adore les histoires de résilience. J’aime la force de ceux qui se battent, de ceux – dans ce doc- qui n’ont pas appuyé sur la gâchette, qui, amputés d’un bras, d’une jambe, ou des deux, ont décidé de relever la tête et de voir le beau malgré tout. Je ne connais rien de plus inspirant que les parcours de vie fracturés.

Personne ne me donne plus de force que ceux qui reviennent de l’enfer, du fond des ténèbres. J’aime la lumière bien sûr, j’aime les personnes rayonnantes, souriantes, audacieuses. Mais je crois intimement que rien ne rend plus fort et plus beau que les traumatismes. Je ne souhaite à personne d’en vivre, loin de là ! Mais la vie – je crois qu’on est tous suffisamment avancés dans l’âge pour en convenir – est faite de trauma, plus ou moins grands, plus ou moins violents. Je connais peu de personnes qui vivent un long fleuve tranquille.

Dans ce documentaire il s’agit de Marines américains, “dressés pour tuer”, qui n’arrivent pas à se remettre debout, qui sont obligés de se bourrer d’alcool et de médocs pour survivre un tant soi peu, jusqu’au moment d’aller appuyer sur la gâchette parce que tout est trop. Parce que le mental prends le dessus et rend absolument tout obsessionnel. La chimie dégagée dans le cerveau pour faire face à la guerre, aux tueries, aux situations d’urgences, transforme le corps en profondeur. Ça ne s’efface pas. Ça laisse des marques qui ne se voient pas.

Je me questionne alors sur celles laissées par un deuil, une mort tragique, une rupture, un coeur brisé, une famille dysfonctionnelle ? Quelle est la transformation chimique engendrée par notre cerveau ? Je n’ai pas la réponse mais trouve sujet à réflexion dans ce questionnement.

Dans le documentaire “Vers la Surface”, ces hommes et ces femmes retrouvent le goût du jour d’après avec la pratique du surf. Ils guérissent, à proprement parler, au contact de l’océan, sur une planche de surf. Pourquoi ? Parce que le corps est en mouvement, parce que le corps fait parti de la guérison, parce que la pratique du surf créé de nouvelles connexions neuronales. La dopamine est une drogue naturelle, notre corps est notre pharmacie.

Voir un vétéran au corps instable soutenu par une canne, sourd et aveugle d’un oeil se lever finalement sur une planche de surf et glisser jusqu’à la berge a illuminé mon vendredi soir autant que ma confiance en moi.

Nous avons toutes les ressources en nous, par le mouvement, par la méditation, par la respiration, par le contact avec la nature, nous restons notre meilleure pharmacie, notre meilleur soutien et notre meilleur allié.

Je nous souhaite beaucoup de résilience, beaucoup de confiance, et moins de pensées toxiques. Le cerveau est un disque dur à reprogrammer, rien n’est figé, tout est possible et ce film est en la preuve.

 

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