J’observe la colère.
Tu sais, celle qui vient chauffer le bas ventre et nouer les tripes.

Je respire à travers.

J’observe cette émotion et me demande ce qu’elle permet de mettre en lumière, car elle n’est pas juste là pour me gâcher la journée. Elle est un indicateur.

Nous sommes confinés. Au-delà de la situation inédite, j’observe une injonction totalement déplacée qui nous enjoint de réussir ce confinement. Quarantaine performante.

C’est un comble. Un puissant, et terrible, révélateur de notre société.

Tu as le temps ? Et bien mets le à profit. Cuisine, et sainement s’il te plaît. Fais ton pain, sans gluten si possible. Range ta maison, trie, vide, nettoie. Quoi, tu ne connais pas encore la méthode Marie Kondo ?
Écris dans ton journal. Fais ta « to do list ». Suis ta routine. Fais ton sport. Tu peux sortir 1h ? Alors va courir. Tu ne fais pas de sport ? Alors mets-toi au sport. Mets en place une discipline. Déroule ton tapis. Fais du yoga. Médite. Respire. Suis un coach, un cours en ligne, un Insta live, un Facebook live, un zoom, un tuto. Fais ce qu’il te plaît, mais surtout, sois performant dans ton confinement.
Et puis surtout, surtout ne prend pas de poids. Tu risquerais de devenir gros.

J’ai beaucoup aimé l’un des post Instagram de « love.eat.smile » . Aurélie Louis-Alexandre, co-fondatrice du Flawless Yoga, prône le self-love et la bienveillance du corps et des corps de la femme.
Dans son post du 12 avril, elle est agacée par « la connerie des réseaux ». Ces réseaux qui véhiculent le message, tellement alarmant, de la prise de poids pendant le confinement. Et elle s’insurge, « laissez les gens être ce qu’ils sont et comme ils veulent dans leur corps non ? »

J’ai envie de te dire oui. Mais soyons honnêtes, cela n’est pas chose simple n’est-ce pas ?

Manquons nous tellement de confiance que l’on doit toujours nous dire quoi faire, comment le faire, pourquoi le faire ? Et à quoi ressembler ?

Sommes-nous tellement déconnecté de notre source, de notre intuition, de notre cœur, que l’on doit se laisser dicter par le monde extérieur ce qui est bon et juste pour nous ? Dicter quel corps doit être notre corps ?

Nulle part il n’est suggéré que ce temps est une opportunité pour renouer avec la merveilleuse personne que nous sommes.

On a tellement peur de ne pas être aimé pour ce que nous sommes qu’il nous faut suivre le mouvement ? Plus vite. Plus haut. Plus fort.

Je ne me place absolument pas en donneuse de leçons.
Je suis cette personne qui a peur de ne pas être aimée pour qui elle est.
Je suis cette personne qui a toujours laissé une tierce personne lui dire quoi faire, comment le faire et pourquoi le faire.
Je suis cette personne qui a toujours laissé un autre lui dire ce qu’il y avait de meilleur pour elle.

Et aujourd’hui encore, je me suis entendue me raconter que j’avais passé trop de temps à dormir, pas assez de temps à étudier, pas assez de temps à pratiquer, pas assez de temps à cuisiner de bonnes recettes saines qui vont finir par me faire rentrer dans un 38 (et puis ensuite ce sera dans un 36 et blablabla). Merde, j’ai envie de manger un chocolat mais surtout il ne faut pas parce que sinon « c’est direct sur les hanches ». L’histoire de ma vie.

C’est aussi l’histoire de ma vie sur un tapis de yoga lorsque j’ai commencé à pratiquer. Écouter les consignes du prof, suivre les alignements. «Dans trikonasana tu dois regarder la main qui s’élève vers le ciel ». « Dans halasana tu reviens en gardant la tête au sol ». Sauf que ça ne convient pas à mon corps. Ce n’est juste, ni pour mes épaules fracturées, ni pour le tassement de mes vertèbres cervicales.
Mais non bien sûr, je suis très mal placée pour savoir ce qui est bon pour moi, alors je fais ce qu’on me dit. Et c’est de désillusions en blessures que j’ai appris, et grandis.

Donc là, j’ai simplement envie de te dire : profite de ce temps à la maison pour t’écouter – serait-ce une nouvelle injonction ? Ironie ! –
Alors pourquoi pas, plutôt, une simple suggestion. Celle de faire ce qui te met en joie.

Oui, c’est bien et très important de bouger tous les jours, mais peut-être le faire comme tu en a envie.

Dérouler ton tapis de yoga ne te met pas en joie ce matin ? Tu préfères danser sur du Deftones ou du Beyoncé ? Alors fais le.

Quoi que tu fasses, écoute toi, amuse toi, aime toi.

Embarque toi dans ton flow, pas dans celui qui t’es sournoisement imposé.

Personne d’autre que toi n’est en mesure de savoir ce qui est juste pour toi. Personne d’autre que toi ne connaît ton histoire.

With Love

 

 

Pour découvrir Aurélie Louis-Alexandre et le Flawless Yoga
https://www.flawless-yoga.com
Instagram : love.eat.smile
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