Un mois après avoir rédigé l’article de mes bons vœux pour 2020, je me cassais la jambe. Bienvenue dans la nouvelle année.
C’est incroyable la capacité du mental à passer en revue tout ce qui s’effondre en une fraction de seconde. Comme ça, à l’instant même où tu entends ton corps se briser, défile dans ta tête tout ce qui ne sera plus comme avant.
Avant même de te vriller de douleur, ton mental a déjà fait le récapitulatif de tous les projets qui prennent fin. Dans les fractures, dans tous les accidents de la vie, il y a l’avant, et il y a l’après. Je suis toujours impressionnée par la vitesse à laquelle une vie peux prendre une toute autre direction.
La Vie. Le flow. Le mouvement.
Et plus rien. En tout cas, plus ce qui était.
Une fois encore, il est là le yoga. Bien plus que sur un tapis, il est là, dans le dur, dans la douleur et dans les larmes.
Évacuée en barquette sur les pistes de skis, allongée à quelques centimètres du sol le regard sans horizon, j’ai récité un mantra, j’ai utilisé ce que je connais pour rester dans l’instant présent et laisser vivre la douleur avec détachement. J’ai retrouvé mon souffle, un léger sourire sur le visage et le début de l’acceptation.
Et ainsi 2020 s’est écrit. J’ai fait marche arrière. J’ai rétrogradé et j’ai déprimé de devoir le faire.
Puis j’ai arrêté de me dire que j’avais rétrogradé, échoué, une fois encore. Brisée, une fois encore.
J’ai passé un mois à regarder par la fenêtre. Allongée et trop fatiguée pour lire ou faire quoi que ce soit d’intéressant. J’ai regardé par la fenêtre, sans bouger, des jours durant.
J’ai laissé mes pensées de colère aller et venir. J’ai respiré. J’ai vu les vagues. Celles qui m’ont submergées, celles qui m’ont portées. Les bouffées d’angoisse et celles d’espoir. Le flot incessant du mouvement.
Jusqu’à stabiliser tout ça à nouveau. Un peu.
Le mois d’immobilisation s’est écoulé, j’allais pouvoir sortir à nouveau.
Sidération versus Acceptation
Et le Covid. France confinée.
Pas de sortie. Pas de kiné. Pas de piscine.
Ou comment écrire une année de merde.
J’ai été, comme tout le monde, sidérée. Changement de paradigme.
Il a fallu se réajuster. Encore. Ramener le mental. Encore.
Apprendre à faire sa rééducation toute seule. Accepter ce qui est plutôt que s’enfermer dans la rage et la désolation.
Je l’écris aujourd’hui avec un sourire sur le visage, mais crois-moi, ce n’était pas le cas tous les jours.
Heureusement que je ne suis pas seule, que j’ai une famille solide comme le roc. Une famille insubmersible qui me porte quand tout s’effondre.
Il y a toujours de la place pour la lumière.
2020 a été difficile, pleine de doutes, pleine de choix et pas ceux que j’envisageais de faire.
J’ai écrit l’année dernière que l’on se remet de tout, qu’on renaît de ses cendres, peu importe la violence du choc.
Je ne pouvais pas imaginer à quel point 2020 serait encore plus chaotique et tumultueuse. Bien entendu je ne pouvais pas imaginer. Personne ne le peut.
2020 a plus que jamais été l’année « Go with the flow » et « Let it go ». J’ai résisté pour finalement lâcher. J’ai déposé les armes. J’ai arrêté de lutter, je m’en suis remise à plus grand.
Je m’en suis remise à ce que la Vie propose et j’ai composé avec.
Cultiver la gratitude pour ce qui est a été ma plus grande leçon et mon plus grand bonheur.
Arrêter de vouloir être formidable, vouloir se persuader à chaque instant que tout va bien ou entrer dans une dictature de la joie.
2020 m’a fait grandir aussi parce que j’ai laissé une place conséquente à toutes les parties de mon être. À mes ombres, mes colères, mes rancœurs et mes tristesses. J’ai enlacé et embrassé tout ce petit monde et j’ai compris à quel point c’était important de ne plus lutter.
Ombres et lumières
J’ai souhaité à mes élèves de savourer le chemin parcouru plutôt que toujours se concentrer sur ce qu’il reste à parcourir. Être fières et fiers de qui nous sommes, avec nos ombres, nos lumières, tout le patchwork de notre histoire.
2020 m’aura appris cela encore un peu plus fort.
2020 a été ma plus grande leçon, et rétrospectivement ma plus belle année. Vraiment.
J’entre, comme tout le monde, dans un 2021 toujours aussi rempli de doutes et d’incertitudes. Je vais continuer d’avancer un jour après l’autre, un instant après l’autre, avec un genou toujours boiteux.
Je vais continuer de savourer les petits rien et les grands tout du quotidien. Continuer de regarder briller la lumière à travers les ombres.
Ces ombres n’existent qu’à travers la lumière, sans elle, il n’y a point d’obscurité. Je crois que l’un ne va pas sans l’autre. Et avant d’éclore à la lumière, toutes les graines ont besoin de passer du temps dans l’obscurité de la terre.
Je te souhaite de prendre du temps pour respirer, accueillir, cheminer et éclore.
Belle année les copains.
Love
Non, la vie n’est pas (toujours) tendre. Oui, elle peut (parfois) être injuste. Mais se battre contre elle ne sert à rien.
Merci beaucoup, Sarah pour ce partage d’expérience, pour cette bouffée de résilience et d’optimisme. Car tout passe et tout nous enrichit.
Savoir accueillir ce que la vie nous réserve n’est peut-être pas simple, mais c’est sûrement la meilleure façon d’être. Et voir que d’autres font cette expérience est une aide infiniment précieuse.
Merci Aurélie pour ton partage. J’aime sentir que nous sommes ensemble, et, même de loin, qu’il est possible de nous soutenir pour avancer. À bientôt
Au début je voulais juste survoler ton site, mais finalement j’ai pris le temps de tout lire “avec conscience”. Il est vraiment bien, il fait du bien.
Et j’ai particulièrement aimé réfléchir à … “avant d’éclore à la lumière, toutes les graines ont besoin de passer du temps dans l’obscurité de la terre”.
Je suis contente que nos chemins se soient croisés.
Merci beaucoup d’avoir pris ce temps, c’est un cadeau que tu me fais. Moi aussi je suis très heureuse que nos chemins se soient croisés